ET À ET À ET À ANDANTE
pour deux voix
publié dans la revue Anthologie Triages, éditions Tarabuste, en 2022
« Cher Pierre-Yves,
Je viens d’achever un texte : Et à et à et à Andante pour deux voix.
Je te l’envoie aujourd’hui ; Hélène est déjà très loin derrière mon dos (Acqua lilas, pour deux voix). Un jour, mon petit fils Pierre m'avait signalé l’existence de récipients de verre signés Carlo Moretti (Isola de Venise) :
je me suis alors procuré ces objets transparents, immédiatement sans hésiter. Ils sont là maintenant pour toujours sur ma Table ; Je me sens quasiment tangible, face à la tension limpide de leur paroi, très, très mince, presque inexistante, le froid de mon cerveau. Cela rappelle les urnes de verre que j'avais vues (olla cineraria), impressionnantes dans le Musée du Verre de Murano, je ne sais depuis combien de temps.
Voilà, côté visuel.
Le poème est radical : le choix des mots (et des éléments) est restreint à l'extrême, à peine quelques mots (neige, marche, urne, paroi, bocal, lagune, ombre amont et finalement, l’on n’entend qu’une seule chose : la neige…) Mais cela n'exclut pas du tout les apparentes complexités ou les exubérances inattendues, voire les hallucinations des enchevêtrements inextricables, de par sa composition structurelle (répétitions, combinaisons, permutations, inversions, insertions, décalages, retardements, attentes, chutes, entrechoquements, découpages, traitement presque onomatopéique des mots, etc…)
Les impacts percussifs des heurts et des dissonances des mêmes mots inlassablement répétés donnant au poème d’un seul tenant, les répercussions violentes, ciserales, profonde des éclats, avec l’obsédante marche sans fin, dans la neige, vers l'ombre amont invisible. Le mot OSTINATO lui conviendra parfaitement ici, marche accompagnée d'un étrange objet froid, aigu, transparent : urne de verre dans mes mains… La saisie est avant tout, musicale, presque un rituel processionnel, solitaire de ma part et avec lui, le poème devient un tournant, circulaire (la fin revient au commencement), il est évidemment ma FUGUE (au bout le bout) d’une rigueur et d’une liberté… en folie de mourir… accompagné cette fois, de Prélude et fugue en si mineur de Bach, abrupte musique, celle-là et obsédante.
Voilà, côté audio. »
1 la paroi de verre ocelle quand le silence
2 le ciel d'alu cille
1 sort du silence Toi
2 il neige
1 en trace laiteuse d'un œil
2
1 du souffle c'est Toi qui regardais déjà en
2
1 T'ef
2
1 façant neige à neige jusqu'à Ta
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1 disparition AF
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