LENTO / PRESTO
avec un travail de Lucas l'Hermitte et de Hisashi Okuyama
publié aux éditions Isoète en 2007
« Le processus de mon travail est établi sur la mémoire, mémoire d'une surface à une autre d'une journée à
une autre.
Technique : rencontre d'un noir et d'un blanc sans liant
- blanc : toile polyester
- noir : poudre d'acétylène
Est visible un gris devenu ou "advenu ?" »
Lucas l'Hermitte
Ici, Hisashi Okuyama a imaginé le même processus en rose, à la manière de Lucas l'Hermitte.
Presto
​
Le titre indique clairement que l'œuvre, d'un seul tenant, n'a pas le tempo moyen de la plupart des lectures.
Ici, les mots sont serrés, rigoureux, sans pause, avec des rythmes accélérés, comme dans une incandescence blanche. Cette rapidité est issue de la Grande Fugue du Quatuor à cordes de Beethoven. Hisashi Okuyama sculpte, affronte le silence du cosmos.
Par rapport à Sept neiges pour une partita, le traitement du texte n'est pas d'ordre psychologique il traite de l'univers au delà de l'humanité, à partir d'un paysage premier comme celui de Belle-Isle-en-Mer.
Les mots sont jetés sans fioriture, prennent un poids irréductible : masse presque monolithique dont
les déhiscences
les déchirures
les ciselures
les frappements
les interjections
les pénétrations
les répétitions, comme le cri des mouettes, donnent à entendre, à des années-lumière, dans le planétarium ébranlé, les entrechoquements galactiques, comme si, à travers les mots, l'univers laissait entrevoir l'origine.
Ce poème minéral, sévère, dur, tranchant, percussif, aboutit, comme chez Rimbaud, au delà de la soif de mourir, à la soif de vérité.
Dans son cahier, Ludwig van Beethoven, malgré sa surdité, a noté ceci : « La vie ressemble à la vibration des sons. » Portée extraordinaire de ces mots. Hisashi Okuyama appelle aussi Presto le Quatuor blanc.