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PERCUSSIF

pour Aurélie Nemours

Musée des Beaux-Arts de Rennes, 1999

Critique de Laurent Salomé pour Percussif en 1999

« La rencontre de deux artistes poursuivant leurs recherches dans des Voies totalement différentes, en l'occurrence la peinture et la poésie, mais avec de profondes affinités, est un événement rare, comme un phénomène cosmique qui produit de mystérieux effets. 

 

Entre Hisashi Okuyama et Aurelie Nemours, le contact fut forcément immatériel : le poète n'a d'abord connu le peintre que par ses tableaux, et en premier lieu par le plus abstrait, le plus terrible, le plus éloigné du monde terrestre, ce Rythme du millimètre découvert en 1995 au Musée de Rennes et qui devait inspirer le poème Taieal.

Mais l'abstraction dans la peinture d'Aurélie Nemours n'est pas un rejet du monde, c'est au contraire une tentative de le contenir tout entier dans un minimum de signes (ou de la même façon, de faire vibrer dans une seule couleur intense toute l'étendue du spectre). Ses tableaux, à la recherche de la structure cachée de l'univers, sont riches de toutes les sensations vécues, de toutes les formes de la création.

De même la construction des poèmes de Hisashi Okuyama charge chaque mot d'une tension phénoménale, le faisant échapper à sa vocation figurative tout en l'intensifiant jusqu'au vertige. Là encore les calculs précis, les rythmes, l'apparente austérité ne sont que des moyens de voir au-delà des apparences.

Dans ce texte à la résonance minérale ou sidérale, chaque détail distillé par le poète semble se développer dans un espace immense. Percussif puise autant dans la lumière blanche de Belle-Île-en-Mer heurtée par le cri des mouettes, univers sensoriel où violence et sérénité se superposent, que dans les toiles d'Aurélie Nemours dont la surface si pure abrite les mêmes tensions.

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Deux chemins aussi intransigeants et obstinés, deux esprits aussi audacieux dans le traitement qu'ils font subir à leur matériau de travail, ne pouvaient que se croiser : la rencontre "en chair et en os” a même eu lieu le 4 novembre 1999, jour du vernissage de l'exposition pour laquelle Aurélie Nemours avait voulu emprunter au poète son titre, ne voyant aucun mot plus dense, plus total que ce Percussif.

 

Le texte sera dit au musée le 9 décembre par Michael Lonsdale qui, dans ce même lieu, avait déjà fait découvrir Taieal à un auditoire médusé, quatre ans plus tôt. C'est une nouvelle occasion de suivre le poète dans son aventure aux frontières du monde matériel. »

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Laurent Salomé
Conservateur du Musée des Beaux-Arts de Rennes

Aurelie Nemours et Hisashi Okuyama

Catalogue de l'exposition Percussif d'Aurélie Nemours, titre inspiré par le poème de Hisashi Okuyama, édité par le Musée de Rennes

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